Et oui ça commence à occuper une place dans les médias. On commence (dans les pays riches) à parler des gens des pays pauvres qui sortent dans la rue parce qu'ils ont faim ou/et parce qu'ils protestent contre la flambée des prix alimentaires :
40 morts au Cameroun. Deux morts à Abidjan. Un mort en Egypte. Des blessés et des centaines d’arrestations au Burkina Faso et au Sénégal. 44 blessés par balle à Haïti. Des manifestations à Mexico, au Yémen et à Sefrou au Maroc, etc. etc.
Les causes de cette flambée des prix sont multiples, parmi lesquelles :
- La spéculation à la bourse de Chicago : pour absorber leurs pertes liées à la crise immobilière américaine (crise des subprimes), les traders se reportent maintenant sur les matières premières agricoles. Après quelques émeutes, l'Égypte a annoncé le jeudi 27 Mars 2008, l'arrêt temporaire de ses exportations du riz. Le vendredi 28 Mars 2008, le prix du riz dans la bourse de Chicago a augmenté de 30%.
Voici les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) concernant la hausse des prix alimentaires (entre Mars 2007 et Mars 2008) :
- L'industrialisation des agro carburants : le bio-éthanol et le bio-diesel. C'est à dire qu'on préfère bruler du Maïs ou du blé pour remplir le réservoir de sa voiture pendant que des gens crèvent de faim. Comme il le dit bien Jean Ziegler (rapporteur spécial des nations unis pour le droit à l'alimentation), c'est un véritable crime contre l'humanité.
et
- Les plans d'ajustement structurels du FMI et de la Banque Mondiale :
En échange des prêts accordés aux pays en voix de développement, le FMI et la Banque Mondiale obligent ces pays à respecter leur politique de "récupération des couts". C'est à dire libéraliser des secteurs comme l'agriculture (entre autres) pour permettre à des investisseurs étrangers de venir s'y installer et obliger ces pays à orienter leurs production de matières premières d'exportation. Pour les experts de ces deux institutions, les pays tropicaux, semi-tropicaux ou semi-arides n'ont pas intérêt à cultiver du riz (par exemple). Pour ces experts, le riz doit être cultivé en Thaïlande ou en Viêtnam (avantages naturels).
Le petit documentaire de la BBC (Quand le FMI fabrique la misère) ci-dessous montre l'exemple du Ghana qui, à cause des suppressions des subventions locales imposées par le FMI et la Banque Mondiale, dépense maintenant 100 millions de dollars par an pour importer du riz des états-unis.
Suppressions des subventions locales aux paysans, libre échange, spéculation sur les matières premières. Il est temps que ça s'arrête.
Le FMI et la Banque Mondiale : la sélection naturelle passe par la survie du plus fort (darwinisme économique)