lundi 26 novembre 2007

Supprimer la durée légale du travail au nom du pouvoir d'achat

Ce n'est pas la blague du 1er Avril.
Comme d'habitude, c'est en utilisant des mots "sucrés" que la droite au pouvoir veut s'attaquer au code du travail.
Laurence Parisot (présidente du MEDEF) trouve que le problème du pouvoir d'achat en France est "totalement objectif" et propose donc de supprimer les 35 heures. C'est fort mais pourquoi pas, elle s'inspire des propos du premier ministre François Fillon un jour auparavant :

Mardi 20 novembre
C'était à l'assemblée nationale où François Hollande (premier secrétaire du parti socialiste) réclamait au gouvernement un "grenelle" sur la question du pouvoir d'achat. La réponse du premier ministre François Fillon était claire. S'il y a un problème du pouvoir d'achat aujourd'hui, c'est la faute au parti socialiste et aux 35 heures. Les 35 heures ont "entraîné la rigueur salariale"... "La France ne distribuera plus de richesses aux Français que si elle est capable d'en produire plus. C'est justement parce que vous avez oublié cette évidence que vous êtes toujours dans l'opposition", a conclu le Premier ministre.

Mercredi 21 novembre
Devant l'association des journalistes économiques et financiers (Ajef), Madame Parisot propose d'abolir la durée légale du travail. "le pouvoir d'achat est une résultante d'une croissance au niveau minimum". "Donc, la vraie question n'est pas comment je contribue à ce qu'il y ait plus de pouvoir d'achat, mais comment je contribue à ce qu'il y ait plus de croissance", a-t-elle exposé.

Dimanche 25 novembre
Le président de la République fera "des annonces claires" sur la question du pouvoir d'achat, a assuré le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, sans donner de date pour cette intervention (la date du jeudi 29 novembre est évoquée dans la presse).

Quand on insulte l'intelligence

- C'est au nom de la lutte contre le chômage qu'on a crée le Contrat Nouvelle Embauche (CNE).

- C'est pour stimuler la croissance qu'on a attribué 15 milliards d'euros de cadeaux fiscaux au plus aisés de la société.

- C'est pour simplifier le code de travail qu'on va supprimer le CDI.

- C'est au nom de la transparence qu'on a triplé le budget de l'Elysée.

- C'est pour financer la recherche sur la maladie d'Alzheimer qu'on a crée des franchises médicales.

- C'est pour le service public, qu'on supprime presque 12000 postes d'enseignants.

- C'est pour la sécurité sociale qu'on voulait augmenter la TVA.

- C'est pour le plein emploi qu'on veut réduire le "coût" du travail.

- Et c'est au nom du pouvoir d'achat qu'on attaque le code du travail.

AVEC les 35 HEURES, LA FRANCE EST 3ème DE LA PRODUCTIVITÉ HORAIRE MONDIALE
Selon le dernier rapport du Bureau International du Travail (BIT) sur les indicateurs-clés du marché du travail (ICMT) basé sur les données de 2006; en une heure, un travailleur américain et un travailleur français produisent quasiment la même quantité de richesses : en 2006, la production horaire du Français était de 35,08 $ (25,68 €) contre 35,63 $ (26,07 €) pour l'Américain. Les Français ne travaillent "que" 35 heures par semaine !
http://monde-moderne.blogspot.com/2007/09/les-franais-travaillent-moins-mieux.html



«La liberté d'entreprendre s'arrête là où commence le code du travail».
«La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi».
Laurence Parisot, présidente du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) lors de l’assemblée générale de son mouvement en Janvier 2005 et dans le Figaro du 30 Août 2005.


lundi 19 novembre 2007

Comment les idées néolibérales ont-elles trouvé place dans l'opinion publique en France ?

Pendant ces 25 dernières années, l'opinion publique en France s'est-elle penchée à droite ?

Le contexte politico-économique d'il y a presque 25 ans
A la fin des années 70, avec tous les problèmes que le monde occidental avait connus (chocs pétroliers, inflation, etc.), les théoriciens du néolibéralisme commencèrent à critiquer fortement les politiques économiques de l'époque, c'est à dire l'État Keynésien (régulation de l'économie par l'État). Et pendant que Thatcher et Reagan prennent le pouvoir, respectivement en grande bretagne (1979) et aux états-unis (1980), les Français votent pour un socialiste (François Mitterrand, en 1981). Un ancien collègue m'a raconté une petite anecdote concernant la première élection de Mitterrand. Il m'a dit qu'il était dans le train et au moment où le conducteur a annoncé sa victoire (de Mitterrand), ses voisins ont eu peur. Ils se sont demandé quand les chars soviétiques allaient débarquer sur Paris !

Les deux premières années de Mitterrand
Entre 1981 et 1983, le gouvernement a appliqué de vraies réformes de gauche :
  • Augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales et logement de 25 %, handicapés de 20 %.
  • Retraite à 60 ans.
  • Semaine de 39 heures (durée légale du travail).
  • 5e semaine de congés payés.
  • Lois Auroux sur le droit du travail
  • Loi Quilliot sur les droits et les devoirs des bailleurs et locataires.
  • Nationalisation de banques (les 36 premières banques de dépôt, ainsi que Paribas et Suez) et de grands groupes industriels (CGE, PUK, Saint-Gobain, Thomson).
  • Autorisation des radios locales privées.
  • Création de l'impôt sur les grandes fortunes (supprimé en 1987, rétabli en 1988 sous le nom d'ISF, Impôt de solidarité sur la fortune).
  • Abolition de la peine de mort.
  • (source : l'encyclopédie Wikipédia)
Le grand virage
Vers la fin de 1983, toutes ces bonnes réformes ont commencé à créer de vraies difficultés pour le gouvernement parce que la France faisait partie du G7 et devait donc se rapprocher au maximum des nouvelles politiques économiques ultra-libérales dictées par Thachter et Reagan (il y a d'autres raisons qui ont fait que Mitterrand a changé de politique).
Pendant ce temps là, certaines personnalités influentes du monde intellectuel et des grands chefs d'entreprises regardaient surtout ce qui se passait dans le monde anglo-saxon et c'est là par exemple que la fondation Saint-Simon a été crée.

Les groupes d'influence politico-médiatiques (Think tank en anglais) ont un rôle déterminant pour changer une idéologie dans un pays. Pour les libéraux, ce sont des chefs de grandes entreprises, des intellectuelles et journalistes qui sont de droite mais aussi des gens catalogués à gauche (ces derniers étant très appréciés), qui se réunissent régulièrement non pas pour raconter des blagues mais pour voir comment ils peuvent appliquer leur cahier des charges et profiter des compétences/postes des uns et des autres. Pour eux, ceci est pour l'intérêt de leurs entreprises/pays.
Le groupe d'influence le plus connu et le plus puissant dans le monde porte le nom de bilderberg. Voir :
http://monde-moderne.blogspot.com/2007/03/les-bilderbergers-ceux-qui-gouvernent.html
http://monde-moderne.blogspot.com/2007/05/ce-que-les-mdias-nous-cachent.html

Fondation Saint-Simon
Cette fondation a été créée en 1982. Elle a été financée (en partie) par quelques entreprises nationalisées auparavant par le gouvernement de François Mitterrand (Saint-Gobain et Suez, entre autres). Selon Pierre Rosanvallon, qui est l'un des fondateurs de ce groupe, « la fondation Saint-Simon a été créée après le tournant de 1981, pour mettre sur pied un espace d'échange social et de production intellectuelle totalement indépendant, différant à la fois des clubs politiques et des institutions universitaires ». C'est la version officielle.
Mais l'objectif de la fondation était, sans doute, autre chose.

Parmi les membres de cette fondation, on peut citer :
  • Alain Minc : Administrateur de nombreuses sociétés et ancien conseiller économique d'Edouard Balladur.
  • Jean-Pierre Elkabbach Journaliste.
  • Roger Fauroux : Enarque. Inspecteur des finances, ancien président de Saint Gobain et Ex-directeur de l'ENA.
  • Jean-Louis Beffa : Président de Saint-Gobain. Membre du conseil de surveillance du Monde. Ancien vice-président de la Compagnie Générale des Eaux (renomée Vivendi, puis Veolia environnement).
  • Jean-Luc Lagardère : Ancien président du groupe Matra-Hachette (qui contrôle de nombreux médias).
  • Christine Okrent Journaliste, épouse de Bernard Kouchner.
  • René Thomas : Ancien président de la BNP, administrateur d'Havas, Saint-Gobain, Elf, CGE, Banexi, Chargeurs, Matra-Hachette.
  • Jean Daniel : ancien Directeur du Nouvel Observateur.
  • Serge July : Ancien Directeur du journal Libération.
La plupart des membres de la Fondation Saint-Simon se retrouvent aujourd'hui dans une autre organisation très similaire Le Siècle (Claude Bébear, Rachida Dati, Patrick Poivre D'arvor, Nicolas Sarkozy, DSK, etc.)

La “ modernité ” contre les “ archaïsmes ”
Dans les émissions télé des années 80, il y avait déjà des tentatives (réussies) pour montrer, d'une manière indirecte, à l'opinion publique que pour sortir d'une crise économique il n'y a pas d'autres issues, il n'y a que les politiques néolibérales qui peuvent marcher, en faisant allusion à la Grande Bretagne et aux États-unis. On peut citer l'émission d'Yves Montand "VIVE LA CRISE" ou celle de Bernard Tapie sur TF1 "AMBITION", etc.
La modernité, c'est à dire des "réformes" néolibérales (suppression de presque 12000 postes dans l'éducation nationale, allongement de la durée de travail, etc.). Les archaïques sont des salariés de la SNCF, par exemple, accrochés à leurs privilèges (et bientôt tous les salariés grèvistes du pays).
Je pense que c'est le message que donnent les grands médias en général.

Quelques liens :
http://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAURENT/10967
http://dsedh.free.fr/transcriptions/halimi19.htm

"Notre travail est de donner aux gens non pas ce qu'ils veulent, mais ce que nous décidons qu'ils doivent avoir."
Richard Salant, ex-président de CBS News



lundi 12 novembre 2007

La prime du charbon des cheminots... pathétique !

Vous avez peut être reçu un mail qui circule sur internet et qui concerne les différentes primes dont bénéficient les cheminots qui font grève.
- prime de travail (restons calme),
- prime de charbon (vous lisez bien),
- Horaire de travail : 25 heures par semaine (vive les 35 heures)
etc. etc.

Je ne voulais pas faire un copier/coller de tout pour ne pas polluer mon site mais il faut juste savoir que c'est un Canular
http://www.hoaxbuster.com/hoaxliste/hoax.php?idArticle=45794
Voici un communiqué de la SNCF concernant ce sujet :
http://www.entreprise-sncf.com/communiq/hoax2.htm

Le régime spécial des retraites... des députés
Par contre, ceci est vrai :
http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200744/retraite-des-deputes-reforme-limitee_68525.html
extrait :
"En plein débat sur les régimes spéciaux des retraites, le bureau de l'Assemblée nationale révise celui des députés" [ ]
"Il y a cependant des efforts qui ne seront pas demandés aux parlementaires. La double cotisation, par exemple, n'est pas remise en question. La double cotisation un député de toucher, à partir de 60 ans, une retraite à taux plein avec 22,5 annuités. En effet, les députés peuvent cotiser double pendant 15 ans puis 1,5 fois pendant cinq ans. Ils atteignent alors 37,5 annuités. Il ne leur manque plus qu'une cotisation simple pour les 2,5 années manquantes".



mercredi 7 novembre 2007

Le prix du pétrole : Quand les spéculateurs financiers prennent le monde en otage

Il y a presque un mois, j'avais entendu à la radio un journaliste dire (au sujet de la flambée du prix du baril du pétrole) : "Avant on se posait la question, Est ce que le prix du baril atteindra les 100 dollars. Maintenant, la question qu'on se pose est : c'est pour Quand ?"
Aujourd'hui à New York, ce prix a atteint les 98 dollars. Mais la question qu'on peut se poser est plutôt : Qui cherche cette flambée du prix ? ou encore : "A Qui profite le crime ?" (vielle question qui remonte au temps des romains !).

Pourquoi le prix du baril augmente ?

La hausse de la consommation mondiale ? Les craintes portant sur une baisse des réserves pétrolières américaines ? Les problèmes géopolitiques au proche orient ?
En tout cas c'est exactement ce qu'on entend dans les "grands" médias.
La réalité c'est autre chose. Ce sont les marchés financiers qui fixent le prix du baril du pétrole et ce n'est pas seulement pour les raisons qui sont citées plus haut. Ce sont les oligopoles pétroliers comme Total, BP, ExxonMobil, Shell, etc. (la liste est très courte), qui préfèrent racheter leurs actions et distribuer les dividendes plutôt que d’investir dans de nouvelles raffineries. C'est cette sous capacité de raffinage renforcée par la spéculation financière qui voit (sans doute) dans le pétrole un bon refuge pour absorber les pertes de la dernière crise immobilière américaine qui fait monter le prix du baril.
En gros
, un petit nombre de spéculateurs profite actuellement du comportement moutonnier (comme disait Keynes) qu'on observe dans les marchés financiers, pour faire augmenter le prix du baril du pétrole et pour, tout simplement, avoir plus de profits et augmenter leurs rentes.

Ceux qui ne profitent pas du tout de cette hausse sont les citoyens. Toujours les mêmes.
Mais s'il y avait un seul point positif par rapport à cette affaire, ce serait la prise de conscience que commencent à avoir les gens par rapport à leur consommation d'énergie.

La coupe est pleine

Lorsque j'entends des ministres dire qu'il va falloir s'habituer à la hausse du prix du pétrole, ça me fait mal au cœur. Et là je n'hésite pas à espérer une vraie crise financière à l'échelle de la planète. Pas celle qu'on a connue récemment. Une crise majeure comme celle de 1929 par exemple où les états reprendront leur rôle pour défendre leurs économies et leurs peuples.

"Le fleuve le plus abondant ne peut ajouter une goutte d'eau à un vase déjà plein"
Léon Tolstoï