lundi 26 mars 2007

De la bio-politique dans la campagne présidentielle

Dans l’intérêt de l’économie française, pour combattre la concurrence mondiale dans le domaine viticole, BUVEZ !!!

Nicolas Sarkozy s’est prononcé récemment en faveur de la publicité sur la consommation du vin lors d’un déplacement chez les viticulteurs de Sancerre. « Le vin n'est pas assimilable au tabac ou à la drogue », a affirmé Nicolas Sarkozy. « Je suis favorable à l'ouverture à la publicité sur la consommation de vin, dans la mesure où celle-ci est raisonnable et modérée », a ajouté le candidat en buvant devant les caméras un verre de vin blanc.

Je rappelle bien évidemment que la publicité sur la consommation du vin (et de l’alcool en général) est fortement limitée en France afin de protéger les jeunes des opérations de marketing (Loi Evin de 1991). Sarkozy veut revenir sur cette loi. Il veut donc céder au lobbys des viticulteurs et de fabricants d’alcool qui demandent depuis des années la diffusion de leurs publicités à la télé, dans la presse et à la radio.

Pour Sarkozy, il faut que la viticulture française puisse se battre «à armes égales» avec ses concurrents du «monde entier». Après tout pourquoi ne pas faire de la publicité sur les cigarettes de Gauloises pour concurrencer Marlboro ? Pour ce candidat à la présidentielle, si les Français boivent davantage, le vin Français se vendra mieux dans le monde...

Son unique objectif est bien sûr de récupérer les voix du monde viticole. Concernant la santé de la population, c'est un enjeu.

« L'homme, pendant des millénaires, est resté ce qu'il était pour Aristote : un animal vivant, et de plus capable d'une existence politique; l'homme moderne est un animal dans la politique duquel sa vie d'être vivant est en question »
Cours au Collège de France « biopolitique et biopouvoir» de Michel Foucault


dimanche 18 mars 2007

Faut-il dire adieu au CDI ?


Autrement dit, faut-il voter pour Sarkozy ?

Depuis plus d’un siècle en France, des gens se sont battus contre la précarité du travail. Ils se sont battus pour qu'un salarié ait sa dignité, ait un salaire décent, des conditions de travail décentes, une protection sociale et qu’il ne puisse pas être licencié du jour au lendemain. Tout cela est inscrit dans le code du travail. Dans le monde moderne il y a des gens, en France et ailleurs, qui pensent que le problème du chômage est lié directement au code du travail (lire article Sarkozy et le plein emploi, l'art de la rhétorique). Mais comme je l’ai déjà écrit, le chômage pour ces gens n’est pas le problème c’est la solution ou plutôt le moyen pour casser le code du travail. Leur objectif est de détruire ce code parce que, à leurs yeux, c’est parmi les « structures » qui freinent l’emploi.

Queqlues citations

  • Lors des débats de la 2ème séance du mercredi 16 Mars 2005 à l’assemblée nationale, Gérard Larcher (Ministre déléguée aux relations du travail) avait déclaré « Nous avons dans ce pays une lecture salafiste du code du travail ». Le mot « salafiste » désigne généralement l’Islam extrémiste.

    http://www.assemblee-nationale.fr/12/cra/2004-2005/178.asp

  • Laurence Parisot, présidente du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France), avait déclaré lors de l’assemblée générale de son mouvement en Janvier 2005 : « La liberté d'entreprendre s'arrête là où commence le code du travail ». Et dans le Figaro du 30 Août 2005 : « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ».

  • Pendant la crise du CPE (contrat première embauche) en 2006, j’avais entendu Jean-Marc Sylvestre dans l’émission de LCI « le club de l’économie » dire : « le problème en France, ce n’est pas le CPE c’est le CDI ».

Mais que dit Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle ?

Pour lui, il faut remplacer tous les contrats du travail (le CDD, le CDI et autres contrats) par un « contrat unique de travail ». Il s’inspire d’un rapport (qu’il a commandé) en 2004 auprès de Michel Camdessus, l’ultra-libéral qui a dirigé le FMI (Fond Monétaire International) entre 1987 et 2000. Voici l’endroit où on peut trouver ce rapport :

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/044000498/index.shtml

Lors de la Réunion publique à Agen - 22 juin 2006,

http://www.u-m-p.org/site/index.php/ump/s_informer/discours/reunion_publique_agen_22_juin_2006

Nicolas Sarkozy disait :

« Au chef d’entreprise qui hésite à embaucher parce qu’il a peur de ne pas pouvoir licencier et qui se perd entre les quelque 36 formules de contrats de travail possibles, je propose un contrat unique à durée indéterminée, plus souple, avec une consolidation des droits du salarié au cours du temps »

Avec ce contrat unique, le salarié verra ses droits augmentés par rapport à son ancienneté dans l’entreprise qui l’embauche. Dit comme ça, ça ne choque pas trop mais Sarkozy ne donne aucun détail.

D’abord, il avait dit qu’il généraliserait le CNE* (Contrat Nouvelle Embauche) s’il est élu le 6 Mai. Et lors d’une rencontre organisée par la confédération générale des petites et moyennes entreprises le 24 Janvier 2007, il avait déclaré que « Le CNE est un progrès, il ne faut pas y toucher » avant d’ajouter « le contrat de travail unique, inspiré du CNE ». Ce serait, estime-t-il, «une occasion de simplifier beaucoup le droit du travail français». Plus de détails sont dans :

http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/232067.FR.php?mode=PRINTERFRIENDLY

(*) Pour les lecteurs extérieurs à la vie politique Française, le contrat nouvelle embauche (le CNE) est un type de contrat de travail en France sans limitation de durée pour les entreprises de vingt salariés au plus (au tout début, c'est à dire en Juin 2005, il a été annoncé juste pour les entreprises de 10 salariés au plus). Durant la période dite de consolidation de l'emploi de deux années, la rupture sans annoncer le motif de licenciement est possible.




mercredi 14 mars 2007

Sarkozy et le plein emploi, l'art de la rhétorique

Au cours de ces derniers mois (pendant la période électorale), à chaque fois que Nicolas Sarkozy est invité pour parler de son programme, il répète sans arrêt que son objectif est le « plein emploi », or tout le monde sait qu'il est un vrai libéral.

Est-il sincère ou fait-il tout simplement de la rhétorique ?

Autrement dit, pour les néolibéraux, le chômage est-il le problème ou plutôt la solution ?

Dans une idéologie néolibérale si on veut réduire le chômage (effectif) il faut réduire le coût du travail. Les libéraux estiment qu'il y a des « structures » qui freinent l’embauche. Ces structures sont les cotisations patronales (ou charges patronales, mais il faut peut-être s'interroger sur ce mot « charges » qui est une construction idéologique libérale plus qu'autre chose). Il y a aussi le SMIC, les allocations chômage, etc. Pour les néolibéraux, c'est très simple : il faut casser ces structures pour rendre le marché du travail plus flexible et par conséquent permettre aux entreprises d'embaucher davantage.


Le taux "naturel" de chômage, diable !
En 1968, Milton Friedman, L'inspirateur du néolibéralisme et prix Nobel d'économie en 1976, invente la notion de « chômage naturel ». C'est le taux de chômage qui n'augmente pas l'inflation. On l'appelle aussi « chômage structurel » ou encore « chômage d'équilibre ». C'est-à-dire que dans un pays donné, il y a (ou il doit y avoir) un taux de chômage « naturel » proportionnel au taux d'inflation dans ce pays à une période donnée. Actuellement ce taux est estimé en France entre 8 et 8,5% de la population active (le taux de chômage effectif est à 8,5% selon l'INSEE).
En général, les néolibéraux n'aiment pas l'inflation parce qu'elle rogne sur les rentes des grands détenteurs d'actions boursières (les investisseurs institutionnels, en particulier). Si, par exemple, les cours de la bourse progressent sur une année de 10% avec une inflation de 5%, la hausse réelle est seulement de 5%.

Si on se rapproche du plein emploi (moins de chômeurs), le rapport de force s'infléchit du coté des salariés qui demandent l’augmentation des salaires et les dirigeants des entreprises répercutent cela en augmentant les prix de vente de leurs produits et donc le taux d'inflation augmente.

Ils préfèrent le maintien d'un partage de la valeur ajoutée favorable au capital (voir l'article « Des inégalités dans le monde moderne » ci-dessous) et tant pis pour les chômeurs. C'est normal. Pardon, c'est naturel...

Voici un lien sur le site Internet du journal "Le Monde" de Janvier 2007 sur le plein emploi et le chômage naturel.

http://www.lemonde.fr/web/chat/0,46-0@2-3234,55-852862,0.html

Et un autre sur le site du Sénat :

http://www.senat.fr/rap/r00-345/r00-34525.html

Friedman est mort, Sarkozy est encore vivant

En Novembre 2006 le monde diplomatique a publié un excellent article de Serge Halimi sur le l’idéologie néolibérale et notamment son influence sur la politique monétaire européenne (à lire absolument) :
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2006-11-30-Milton-Friedman?var_recherche=Friedman

Voici un extrait :

« Pour Milton Friedman, les priorités économiques étaient la lutte contre l'inflation et celle contre les déficits publics. Combattre la hausse des prix imposait, selon lui, de ramener le rythme de création monétaire à un niveau si bas qu'il rendrait l'argent plus cher (taux d'intérêts), interdisant ainsi à l'Etat de financer trop commodément ses déficits. La technique n'excluait pas d'autres thérapies néolibérales devenues familières depuis vingt-cinq ans. « Comment pourra-t-on jamais ramener l'Etat à de justes proportions ? » interrogeait Milton Friedman. Je pense qu'il n'y a qu'une façon : celle dont les parents contrôlent les dépenses excessives de leurs enfants, en diminuant leur argent de poche. Pour un gouvernement, cela signifie réduire les impôts. » Quant à l'existence du chômage, elle s'expliquait surtout par un coût du travail (salaire) trop élevé et par des prestations sociales trop importantes, c'est-à-dire susceptibles d'inciter les sans-emploi à refuser de vendre leur force de travail au coût du marché. »

Une ressemblance avec le programme du candidat Sarkozy serait sûrement un hasard.
D'ailleurs, et pour l'anecdote, N. Sarkozy avait dit aussi
(lorsqu'il était ministre des finances en 2004) qu'il "voulait gérer la France comme un bon père de famille".



mardi 6 mars 2007

Les bilderbergers : ceux qui gouvernent le monde moderne ?


Dans le 19e siècle, Benjamin Disraeli (chef du parti conservateur britannique) disait : « Le monde est gouverné par de tout autres personnages que ne se l'imaginent ceux dont l'œil ne plonge pas dans les coulisses ». Dans le monde moderne les choses ont-elles changé ?

L’existence des « groupes de réflexion » ou « think tank », la Franc-maçonnerie, les lobbies, etc. n'est guère surprenante pour le grand public mais ce qui est moins connu c’est l’existence des réseaux de grande influence dans le domaine politico-économique dont le plus puissant est sans doute le groupe Bilderberg (né en 1954).

De grands dirigeants industriels, responsables politiques, leaders dans le monde des médias, de la finance, des services secrets, etc. composent ce club prestigieux. A l’abri de toute ingérence démocratique, ce groupe se réunit, tous les printemps dans des pays différents, dans le secret pour débattre d'enjeux politiques et économiques majeurs. Cet article s'intéresse donc à ce groupe parce qu'on lui reproche, entre autres, l'orchestration de la mondialisation économique.

Certains lecteurs vont sûrement se dire voilà encore un qui croit au conspirationnisme, à la théorie du complot, etc. mais j’invite ces lecteurs à aller se renseigner sur Internet (notamment sur les liens que je propose) et à faire leur opinion eux même.

- Article (payant) de liberation (très intéressant) :

http://www.liberation.fr/actualite/economie/81682.FR.php

Pour ceux ou celles qui ne peuvent pas payer l’article, le voici (je l’ai trouvé sur la toile !) :

http://bilderberggroup.tripod.com/save-to-do/5aout2003-2.html


La réunion de 2003 avait lieu en France du 15 au 18 mai, au château de Versailles qui a été fermé au public pendant une semaine. On peut se demander quel intérêt commun peuvent avoir des personnalités comme :

- Paul Wolfowitz (numéro 2 du pentagone à l’époque)

- Les PDG de Thales, Axa, Nokia, Daimler Chrysler, Novartis, etc.

- Jean-Claude Trichet, gouverneur de la banque centrale européenne

- Valéry Giscard d'Estaing, président de la Convention européenne

- Richard Perle, membre de la commission américaine de la politique de défense de 1987 à 2004

- Le juge antiterroriste Bruguière

- La reine Béatrix des Pays-Bas

- Pierre Lellouche, député et ami de Nicolas Sarkozy

- David Rockefeller, le fameux milliardaire américain co-fondateur du groupe Bilderberg

- Des journalistes acceptant la règle de l'omerta comme Nicolas Beytout pour Les Echos ou Alexandre Adler pour Le figaro pour ne citer que les Français.

Etc.





La liste, sûrement pas exhaustive, est dans :

http://www.voltairenet.org/article9772.html


- Questions d’un parlementaire suisse concernant la réunion de ce groupe à Versailles en 2003 :

http://search.parlament.ch/f/cv-geschaefte?gesch_id=20031086


- La prestigieuse chaîne BBC proposait (en 2005 ?) une série qui s’appelle « who runs your world ? » (Qui gouverne votre monde ?)

http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/4290944.stm



jeudi 1 mars 2007

Des inégalités dans le monde moderne


Dans un pays où le néolibéralisme est le modèle économique par excellence
, dès que le PIB augmente les inégalités augmentent aussi. La France n'est qu'un exemple.

Ce modèle économique ne satisfait qu'une minorité de la population (les plus aisés).

En France, entre 1979 et 2004, pendant que le PIB -produit intérieur brut- a été multiplié par 2,5 (à peu prés 1600 Milliards d'euros, en 2004) :

- le nombre de ménages pauvres a augmenté (le seuil de pauvreté est la moitié du revenu médian)
http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATSOS04404&tab_id=57

-
le taux de chômage a augmenté

- Le nombre des RMI-stes a augmenté :
http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?tab_id=338


- le partage des salaires dans la valeur ajoutée a chuté de 10 points
www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/2-80.pdf

Aux états unis, par exemple, Le fossé entre riches et pauvres s'élargit plus que jamais et le nombre de très pauvres est à son plus haut niveau depuis trois décennies. Une étude parue le samedi 24 Février 2007 montre que le nombre des très pauvres a cru de
26% entre 2000 et 2005. Une augmentation supérieure de 56 % à celle de la totalité du nombre de pauvres pendant cette période.

http://rawstory.com/news/afp/In_US_record_numbers_are_plunged_in_02242007.html


Que font nos politiques contre cette réalité :

Est-ce que nos politiques se posent la question de savoir si c’est l’économie qui est au service des êtres humains ou si c’est l’inverse ? Est ce que c’est l’être humain qui est la finalité de l’activité économique ou plutôt la variable d’ajustement au service de l’appareil économique et de la grande finance ?

Comme le dit bien l'Economiste René Passet, pour nos politiques, c’est l’"instrument qui est finalisé et la finalité qui est instrumentalisée". Il s’agit bien entendu des partis de droite, UMP, UDF, etc. (auquels je consacrerai plusieurs articles ultérieurement) mais aussi du parti socialiste (Hélas !). N’oubliant pas que grâce à certains socialistes, la France est devenue en 2002 la championne d’Europe des stock-options. Et c’est juste un exemple.

http://www.lexpansion.com/art/6.0.55736.0.html

Et en plus, Dominique Strauss-Kahn avait demandé que l’impôt sur les stock-options soit inférieur à l’impôt normal et qu’ainsi un patron bénéficie d’un système fiscal dérogatoire par rapport à sa secrétaire. Voici un petit paragraphe publié à l'époque dans le magazine de Serge Dassault :

http://www.lexpansion.com/art/134.0.126742.0.html

"Sans « l'affaire Jaffré » et la publication par L'Expansion des plus-values potentielles réalisées par les grands patrons, le dossier des stock-options ne ferait plus parler de lui. DSK l'aurait réglé à l'automne en glissant discrètement un petit article dans le budget 2000 qui devait satisfaire les détenteurs de stock-options".
Et pour une vraie critique :

http://www.solidariteetprogres.org/spip/sp_article.php3?id_article=93