Au cours de ces derniers mois (pendant la période électorale), à chaque fois que Nicolas Sarkozy est invité pour parler de son programme, il répète sans arrêt que son objectif est le « plein emploi », or tout le monde sait qu'il est un vrai libéral.
Est-il sincère ou fait-il tout simplement de la rhétorique ?
Autrement dit, pour les néolibéraux, le chômage est-il le problème ou plutôt la solution ?
Dans une idéologie néolibérale si on veut réduire le chômage (effectif) il faut réduire le coût du travail. Les libéraux estiment qu'il y a des « structures » qui freinent l’embauche. Ces structures sont les cotisations patronales (ou charges patronales, mais il faut peut-être s'interroger sur ce mot « charges » qui est une construction idéologique libérale plus qu'autre chose). Il y a aussi le SMIC, les allocations chômage, etc. Pour les néolibéraux, c'est très simple : il faut casser ces structures pour rendre le marché du travail plus flexible et par conséquent permettre aux entreprises d'embaucher davantage.
Le taux "naturel" de chômage, diable !
En 1968, Milton Friedman, L'inspirateur du néolibéralisme et prix Nobel d'économie en 1976, invente la notion de « chômage naturel ». C'est le taux de chômage qui n'augmente pas l'inflation. On l'appelle aussi « chômage structurel » ou encore « chômage d'équilibre ». C'est-à-dire que dans un pays donné, il y a (ou il doit y avoir) un taux de chômage « naturel » proportionnel au taux d'inflation dans ce pays à une période donnée. Actuellement ce taux est estimé en France entre 8 et 8,5% de la population active (le taux de chômage effectif est à 8,5% selon l'INSEE).
En général, les néolibéraux n'aiment pas l'inflation parce qu'elle rogne sur les rentes des grands détenteurs d'actions boursières (les investisseurs institutionnels, en particulier). Si, par exemple, les cours de la bourse progressent sur une année de 10% avec une inflation de 5%, la hausse réelle est seulement de 5%.
Si on se rapproche du plein emploi (moins de chômeurs), le rapport de force s'infléchit du coté des salariés qui demandent l’augmentation des salaires et les dirigeants des entreprises répercutent cela en augmentant les prix de vente de leurs produits et donc le taux d'inflation augmente.
Ils préfèrent le maintien d'un partage de la valeur ajoutée favorable au capital (voir l'article « Des inégalités dans le monde moderne » ci-dessous) et tant pis pour les chômeurs. C'est normal. Pardon, c'est naturel...
Voici un lien sur le site Internet du journal "Le Monde" de Janvier 2007 sur le plein emploi et le chômage naturel.
http://www.lemonde.fr/web/chat/0,46-0@2-3234,55-852862,0.html
Et un autre sur le site du Sénat :
http://www.senat.fr/rap/r00-345/r00-34525.html
Friedman est mort, Sarkozy est encore vivant
En Novembre 2006 le monde diplomatique a publié un excellent article de Serge Halimi sur le l’idéologie néolibérale et notamment son influence sur la politique monétaire européenne (à lire absolument) :
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2006-11-30-Milton-Friedman?var_recherche=Friedman
Voici un extrait :
« Pour Milton Friedman, les priorités économiques étaient la lutte contre l'inflation et celle contre les déficits publics. Combattre la hausse des prix imposait, selon lui, de ramener le rythme de création monétaire à un niveau si bas qu'il rendrait l'argent plus cher (taux d'intérêts), interdisant ainsi à l'Etat de financer trop commodément ses déficits. La technique n'excluait pas d'autres thérapies néolibérales devenues familières depuis vingt-cinq ans. « Comment pourra-t-on jamais ramener l'Etat à de justes proportions ? » interrogeait Milton Friedman. Je pense qu'il n'y a qu'une façon : celle dont les parents contrôlent les dépenses excessives de leurs enfants, en diminuant leur argent de poche. Pour un gouvernement, cela signifie réduire les impôts. » Quant à l'existence du chômage, elle s'expliquait surtout par un coût du travail (salaire) trop élevé et par des prestations sociales trop importantes, c'est-à-dire susceptibles d'inciter les sans-emploi à refuser de vendre leur force de travail au coût du marché. »
Une ressemblance avec le programme du candidat Sarkozy serait sûrement un hasard.
D'ailleurs, et pour l'anecdote, N. Sarkozy avait dit aussi (lorsqu'il était ministre des finances en 2004) qu'il "voulait gérer la France comme un bon père de famille".
1 commentaire:
En même temps, on comprends bien que Sarkozy tienne une politique libéral qui consiste à vouloir réduir les charges patronnales, mais je ne pense pas qu'il veulent réduir réellement le nombre de chomeur(à part bien sur en en transformant une partie en RMIstes).
Mais pour un libéral on a pas intéret à arriver ou même à s'approcher du plein emploi. En effet, l'économie en serait évidement affectée (on serait trop loin du taux de chaumage structurel de la FRance actuelle) et donc les actionnaires ne serait pas trés contents(et lorsque les actionnaires ne sont pas contents les libéraux ne le sont pas nonplus).
Mais enfin rien n'empèche sarkozy de continuer son cirque médiatique et les média de ne pas lui poser les réelles questions auxquelles ils devrait répondre.
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